
05 Jan Au lycée, l’environnement socio-économique a un impact sur le poids
Plus qu’à n’importe quel âge antérieur, l’obésité à l’adolescence est un facteur clé prédictif du risque d’obésité à l’âge adulte.
Que retenir de l’étude menée ?
Au total, 1.038 adolescents ont accepté de répondre à un questionnaire permettant de recueillir des données anthropomorphiques, le statut socio-économique du foyer (évalué via l’activité professionnelle des parents), la prise du déjeuner au lycée ou en dehors et la fréquence de la pratique d’une activité physique.
Il s’agit de la première étude française ayant évalué, chez des adolescents, l’influence du niveau socio-économique familial et scolaire, sur le risque de surpoids et d’obésité.
Dix-huit lycées publics du département des Bouches-du-Rhône, 3e département le plus peuplé de France, ont été sélectionnés de manière aléatoire pour refléter les disparités géographiques et socio-économiques de la population du territoire.
Les observations faites à partir des résultats suggèrent qu’il pourrait être intéressant de mener des actions spécifiques concernant la prise de repas à la cantine et/ou la mise en place de programmes d’éducation à la nutrition intégrant alimentation et activité physique.
Ces actions pourraient cibler :
- En général, les élèves des milieux familiaux les plus modestes (quel que soit le lycée) et les lycées dont le niveau socio-économique global est faible (quel que soit le milieu familial des élèves intra-lycées).
- En particulier, au sein des établissements dont le niveau socio-économique global est faible, une vigilance doit être apportée aux élèves venant d’un milieu familial socio-économique plus élevé, car ils sont plus à risque de surpoids et d’obésité que les autres.
Pour aller plus loin dans la compréhension des résultats
Sur l’ensemble de la population de lycéens inclus, 6,3% étaient en sous-poids, 8,9% en surpoids et 3,4% obèses. La prévalence du surpoids et de l’obésité du département des Bouches-du-Rhône était inférieure à la prévalence nationale pour les 13-15 ans (respectivement 12,2% versus 18,0%). Cette différence est semblable aux comparaisons inter-régionales menées par le passé au sein de la population générale française (par exemple, Obépi-Roche, 2012). Elle se comprend en partie par l’adoption plus importante d’un régime alimentaire équilibré autour du bassin méditerranéen.
Parmi les étudiants issus de milieux familiaux socio-économiques moyens, ceux qui fréquentaient un lycée dont l’environnement socio-économique était globalement faible avaient un risque de surpoids et/ou d’obésité multiplié par un facteur 10 par rapport à ceux qui étudiaient dans un lycée socio-économiquement plus élevé.
Les lycéens qui venaient des milieux socio-économiques les plus élevés de l’échantillon, avaient environ 4 fois plus de risque de surpoids et d’obésité en fréquentant un environnement scolaire socio-économiquement modeste (par rapport à plus élevé) et 6 fois plus s’ils fréquentaient un lycée socio-économiquement modeste (par rapport à moyen).
A contrario, pour les lycéens issus de milieux familiaux socio-économiques faibles, les risques de surpoids et/ou d’obésité étaient identiques quel que soit le lycée fréquenté.
Maxime LUIGGI, Maître de conférences, Université Aix-Marseille : « Les élèves qui sont scolarisés dans un lycée dont le niveau socio-économique global est moyen ou élevé seraient plus susceptibles de manger à l’école et d’avoir un niveau d’activité physique moyen ou élevé par rapport à ceux inscrits dans des lycées de niveau socio-économique globalement plus faible. Cela pourrait en partie expliquer les différences constatées. En revanche, l’absence de différence chez les lycéens venant d’origine sociale modeste suggère que les avantages environnementaux de certains lycées (en termes d’alimentation, d’activité physique) en faveur d’un statut pondéral normal ne bénéficient pas de la même manière aux adolescents en fonction de leur origine sociale. Ce constat pose la question d’autres facteurs pouvant expliquer ces différences ».
Ces données sont basées sur un échantillon de taille restreinte et pour lequel le niveau socio-économique familial a été évalué via le type de profession exercée par les parents. Elles mériteraient donc d’être confirmées par d’autres travaux. Cependant, elles ouvrent déjà des pistes pour des actions de santé publiques ciblées.
Référence
Luiggi M. et al. (2021). Overweight and obesity by school socioeconomic composition and adolescent socioeconomic status: a school-based study. BMC Public Health, 21(1), 1–12. https://doi.org/10.1186/s12889-021-11752-2
Désolé, le formulaire de commentaire est fermé pour l'instant.