Avez-vous modifié vos habitudes alimentaires durant le confinement ?

 

Les Français ont été confinés du 17 mars au 11 mai 2020 pour cause de pandémie de COVID-19. De nombreuses informations ont circulé évoquant que le confinement aurait favorisé le grignotage, la sédentarité et donc la prise de poids. Pour en avoir le cœur net, les chercheurs de l’INRAE ont réalisé une étude auprès de 37.000 français. Celle-ci a évalué les conséquences du confinement sur les comportements nutritionnels des Français.

 

Que retenir de cette étude

Tout le monde n’a certes pas vécu ces 55 jours de confinement de la même manière, en attestent les variations de poids mesurées par ces chercheurs. Un peu plus d’un tiers (35%) des personnes interrogées ont pris du poids (+1,8 kg en moyenne), et 23% en ont perdu (-2 kg en moyenne). Environ 4 individus sur 10 ont globalement conservé les mêmes habitudes nutritionnelles durant le confinement que celles qu’ils avaient avant cette période. Autant ont adopté de nouvelles habitudes nutritionnelles malheureusement plus délétères que celles qu’ils avaient avant le confinement, alors que 2 individus sur 10 ont amélioré leurs habitudes nutritionnelles. Cette dernière catégorie était plutôt des sujets en surpoids ou obèses. À noter que les individus inclus dans cette étude proviennent de la cohorte NutriNet-Santé. Il s’agit globalement d’individus ayant une sensibilité accrue pour les sujets concernant la nutrition. Ainsi, rapportée à la population française, il est bien probable qu’une proportion encore plus importante d’individus ait adopté de plus mauvaises habitudes nutritionnelles durant la période de confinement.

 

Résultats plus approfondis

De nombreux facteurs favorisants la prise de poids ont été mis en évidence dans cette étude, notamment :

  • La diminution de l’activité physique chez plus de la moitié des individus (53%),
  • L’augmentation de la sédentarité chez près des deux tiers (63% des sujets ont déclaré être restés assis plus de 7 heures par jour),
  • L’augmentation des apports énergétiques de plus de 10% chez près d’un quart des participants (23%), avec notamment une augmentation de la consommation des produits sucrés (biscuits, gâteaux) et diminution des produits frais (fruits, poissons),
  • L’augmentation du grignotage pour 21% des sujets.

Et du côté des évolutions positives, 19% des personnes ont augmenté leur activité physique, 33% ont diminué leurs apports énergétiques de plus de 10% et ont augmenté la part du « fait maison » (40%) dans leur alimentation.

Trois types de comportement face à l’alimentation ont pu être décrits :

  • Les habitudes alimentaires d’une partie de la population (37%) se sont dégradées durant le confinement. Cette dégradation a plus souvent concerné des personnes de moins de 50 ans, des femmes, des individus ayant un haut niveau d’éducation mais des revenus faibles, des personnes qui avaient des enfants à la maison et ont exercé une activité en télétravail durant le confinement. Ces données laissent suggérer des phénomènes de compensation alimentaire par surcharge mentale entre le travail et la surveillance des enfants.
  • Une autre partie de la population (43%) n’a pas vraiment modifié ses habitudes alimentaires. Ces individus présentaient globalement avant le confinement une alimentation de bonne qualité nutritionnelle avec peu d’aliments ultra-transformés, et avaient un poids normal avant le confinement. Ils résidaient généralement dans une ville moyenne (<100.000 habitants) ou en zone rurale. Il s’agissait le plus souvent d’hommes, de plus de 50 ans, ayant un faible niveau d’éducation, sans emploi avant le confinement (retraités, au chômage, au foyer), ou en activité durant le confinement (travailleurs des secteurs dits essentiels).
  • Enfin, une troisième partie de la population (20%) a profité du confinement pour adopter des comportements plus bénéfiques à leur santé. Il s’agissait souvent des individus de moins de 50 ans, en surpoids ou obèses au début du confinement, fumeurs, avec un haut niveau d’éducation et un haut niveau de revenus. Ces sujets étaient plus souvent sans enfants à la maison, en chômage partiel, en télétravail ou étudiants (mais non précaires). Ces constats suggèrent une forte préoccupation vis-à-vis des risques encourus de la part des individus en surpoids ou obèses en cas d’infection par le SARS-CoV-2. Il serait bien sûr intéressant de mieux comprendre leurs leviers de motivation.

 

Comment les chercheurs ont-ils procédé ?

Les participants de la cohorte NutriNet-Santé ont répondu des questionnaires relatifs à leur alimentation, leur activité physique et sédentarité ainsi que leur poids en avril-mai 2020.

 

Références :

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