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Projet SECALIM : « Quelle alimentation pour tous pour lutter contre l’inSECurité ALIMentaire ? »

 

Il existe en France « un apartheid alimentaire » avec d’un côté, ceux qui ont un accès physique et financier à une alimentation de qualité et de l’autre, ceux qui ne peuvent pas se le permettre. Ces inégalités en matière d’alimentation jouent un rôle majeur dans les inégalités sociales de santé. En 2017, il y avait en France entre 8 et 13 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire [1] et/ou de précarité alimentaire [2]. L’IGAS de son côté a estimé à 5,5 millions le nombre d’usagers de l’aide alimentaire en 2018 [3]. Sur la base de ces chiffres, il apparaît donc qu’entre 3 et 8 millions de personnes éprouvaient déjà avant la crise de la COVID des difficultés financières pour s’alimenter convenablement mais n’avaient pourtant pas recours à l’aide alimentaire. Et même pour les utilisateurs de l’aide alimentaire, on sait que cette aide ne couvre habituellement que 40% de leurs besoins énergétiques [4]. En 2020, grâce à la réactivité des associations et à de nombreuses initiatives locales, citoyennes et bénévoles  locales, citoyennes et bénévoles [5], l’aide alimentaire a été multipliée au moins par deux [6].

Cependant « beaucoup font le constat que le système d’aide alimentaire actuel, basé sur des dons de produits et entièrement délégué au monde associatif, est totalement dépassé » indique Nicole Darmon, directrice de recherche INRAE, à Montpellier et à Marseille. Il recèle de très nombreuses failles structurelles : économiques, nutritionnelles, sociales, éthiques et organisationnelles [7].

En effet, l’aide alimentaire :

            1. Ne touche pas tous ceux qui pourraient en avoir besoin ;
            2. Manque de produits frais ;
            3. Offre un choix limité à l’usager (voir même une absence de choix) ;
            4. Est inégale dans ses conditions d’accès ;
            5. Crée une relation asymétrique qui met à mal l’estime de soi de l’usager ;
            6. Est paradoxalement dépendante du gaspillage.

De plus, les associations qui délivrent cette aide en nature sont surchargées de tâches logistiques et administratives, et manquent de temps pour accompagner convenablement les publics.

De nombreuses idées sont discutées actuellement pour améliorer l’accès de tous à une alimentation de qualité mais les débats associent trop peu les personnes en situation d’insécurité ou précarité alimentaire, les travailleurs sociaux et les professionnels du secteur alimentaire, et prennent difficilement en compte les réalités territoriales.

 

Quel est l’objectif de SECALIM ?

« L’objectif du projet est d’imaginer un nouveau dispositif de réponse à l’insécurité alimentaire en phase avec l’évolution de la société et dans la perspective de l’autonomie des individus, et de poser les bases d’une expérimentation co-construite pour tester la faisabilité et l’impact de ce dispositif »

 

Comment atteindre cet objectif ?

Grâce à la réalisation de focus groups réunissant différents acteurs : personnes en situation d’insécurité alimentaire (c’est-à-dire éprouvant des difficultés financières pour s’alimenter comme elles le souhaiteraient, ayant recours ou pas à une aide alimentaire), professionnels (travailleurs sociaux et professionnels du secteur alimentaire).

 

Quelques exemples de sujets qui seront abordés lors de ces focus groups

Les principaux thèmes explorés avec les personnes en situation d’insécurité alimentaire d’une part et les professionnels d’autre part, chercheront à répondre à des questions concrètes telles que :

  • Quels sont les dispositifs actuels permettant de répondre aux situations d’insécurité alimentaire ?
  • Quelles sont les forces et les faiblesses de ces dispositifs ?
  • Comment pourrait-on concrètement lutter contre l’insécurité alimentaire tout en prenant en compte les aspects nutritionnels et la transition écologique ?

Une réunion de restitution sera organisée avec l’ensemble des parties prenantes afin de co-construire avec elles une proposition d’expérimentation, qui sera testée ultérieurement.

 

Qui sont les partenaires de SECALIM ?

Le projet SECALIM, financé dans le cadre de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté (DRDJSCS-PACA), est porté par l’association NUTR’ IN MED, avec les partenaires suivants :

  • Nicole Darmon, directrice de recherche INRAE, à Montpellier et à Marseille
  • Marlène Pérignon, ingénieure de recherche en nutrition et santé publique INRAE, Montpellier
  • Christophe Dubois, docteur es-science en nutrition-diététicien, expert en alimentation et précarité
  • Regards Santé : bureau d’études spécialisé en soutien d’actions et en évaluation dans les domaines sanitaire, médico-social et social
  • La métropole Aix-Marseille-Provence et le Projet Alimentaire Territorial

Et, bien sûr, des personnes en situation d’insécurité alimentaire et des professionnels de terrain.

 

Calendrier et résultats

Le projet se déroulera en 2021 sur le territoire de la métropole Aix-Marseille-Provence et devra permettre de proposer l’expérimentation d’un nouveau dispositif en réponse à l’insécurité alimentaire. Si vous souhaitez être informés des résultats de SECALIM, inscrivez-vous à la newsletter NUTR’ IN MED : www.nutrinmed.fr.

 

 

Références :

[1] L’étude nationale INCA3 de l’ANSES a estimé à 12% la proportion d‘adultes (soit 8M au total) « ne pouvant pas, pour des raisons financières, consommer tous les aliments qu’elles souhaiteraient consommer » (https://www.anses.fr/fr/content/inca-3-evolution-des-habitudes-et-modes-de-consommation-de-nouveaux-enjeux-en-mati%C3%A8re-de)

[2] Une étude du secours populaire a estimé à 13M le nombre de personnes «éprouvant des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine pour les 3 repas de la journée » (https://www.secourspopulaire.fr/barometre-ipsos-spf-2018)

[3] http://www.igas.gouv.fr/spip.php?article754

[4] Darmon N, Andrieu E, Bellin-Lestienne C, Dauphin AG, Castetbon K. Enquête auprès des Associations d’Aide Alimentaire (E3A) : mode de fonctionnement des structures et valeur nutritionnelle des colis et repas distribués. Cahiers de Nutrition et de Diététique, 2008; 43 (5):243-250. Cette enquête n’a jamais été répétée depuis 15 ans.

[5] https://utaa.fr/2020/05/18/de-laide-alimentaire-a-laide-humanitaire-recit-dun-derapage-social/

[6] https://www.banquedesterritoires.fr/en-2020-laide-alimentaire-aura-plus-que-double

[7] Darmon N, Gomy C, Saïdi-Kabeche D. La crise du Covid-19 met en lumière la nécessaire remise en cause de l’aide alimentaire. The Conversation. 29 juin 2020

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