
27 Avr Y a-t-il une alimentation à privilégier dans un parcours PMA en cas d’IMC supérieur à 30kg/m2 ?
Emmanuelle BERDAH, Sabrina LOPEZ et Sarah BEAUJOUR, diététiciennes à l’hôpital La Conception à Marseille (AP-HM) vous font part de leur expérience sur l’alimentation à privilégier dans un parcours de procréation médicalement assistée (PMA) avant insémination artificielle chez une femme présentant un IMC ≥30 kg/m2.
Le surpoids et l’obésité chez la femme sont associés à une diminution de la fertilité et une augmentation du risque de fausses couches spontanées. Une perte de poids de 5 à 10% du poids initial peut favoriser la fécondité1,2.
De plus un IMC supérieur à 35 kg/m² augmente le risque d’échecs des traitements de l’infertilité et grève le pronostic de grossesse (risque accru de diabète gestationnel, dysgravidie, macrosomie fœtale… ) justifiant la perte de poids conseillée avant de débuter un parcours PMA.
Les préconisations diététiques sont donc les suivantes :
- Respect de l’équilibre alimentaire (importance de la consommation de fruits et légumes, diminuer la consommation de féculents raffinés au profit de féculents complets contrôler l’apport en matières grasses, limiter la consommation de produits et boissons sucrés…)1
- Diminution de maximum 30% des apports spontanés2 sans aller en-deçà du seuil de 1.600 kcal par jour3
- Favoriser la pratique d’une activité physique régulière et progressive (au moins 30 minutes de marche par jour)4
- Veiller à une bonne hydratation (2L d’eau/j)5
Dans ce parcours de PMA, certaines notions spécifiques à la femme enceinte sont abordées3 :
- Dosage de la vitamine B9 et supplémentation préconisée (440µg/j) afin de diminuer le risque de défaut de la fermeture du tube neural mais également du fait du rôle de la vitamine B9 dans la gamétogénèse.
- Limitation de la consommation de phyto-œstrogènes pour ne pas aggraver le risque de malformation fœtale (ex : soja, graines de sésame, lin, pavot…)
- Diversification des espèces de poissons, de leur origine et de leur mode d’approvisionnement face au risque de contamination en dioxines, méthyl-mercure et polychlorobiphényles pouvant être à l’origine d’un retard de croissance fœtale.
- Limitation de la consommation de boissons énergisantes (caféine, théine…) car elles sont susceptibles d’augmenter le risque de retard de croissance fœtale
Les objectifs de la prise en soin nutritionnel sont :
- À court terme d’optimiser les chances de concevoir via la PMA.
- À moyen terme de favoriser un bon statut nutritionnel avant et pendant la grossesse.
- À long terme de sensibiliser les patientes sur l’impact favorable d’une alimentation équilibrée sur leur santé et celle du futur bébé, puis de modifier durablement leur comportement alimentaire.
Pour optimiser la prise en soin global de ces patientes un travail pluridisciplinaire est nécessaire (activité physique, art-thérapie, atelier cuisine…).
Une fois le parcours de PMA terminé, une nouvelle étape sera proposée aux patientes pour leur suivi de grossesse avec de nouvelles notions à aborder (risque de Toxoplasmose, Listéria, l’importance de limiter la prise de poids pendant la grossesse…).
Aujourd’hui, il est important de prendre en considération de nouvelles données impliquant le rôle du partenaire masculin6,7. En effet de récentes études ont permis de mettre en évidence l’impact de leur obésité dans la fertilité (hypospermie, oligospermie, asthénospermie…) d’autant plus si des comorbidités comme le diabète sont associées. Pour une prise en soin efficace il sera donc préférable de suivre les deux partenaires.
Références :
- https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2017SA0141.pdf
- https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2011-09/2011_09_30_obesite_adulte_argumentaire.pdf
- https://www.cerin.org/wp-content/uploads/2010/09/brochure-femme-enceinte.pdf
- https://www.mangerbouger.fr/Bouger-plus/Bougez-plus-a-tout-age/Femmes-enceintes
- https://www.hydrationforhealth.com/fr/sciences-de-lhydratation/laboratoire-dhydratation/lhydratation-pendant-la-grossesse-et-lallaitement-pendant-la-grossesse/
- https://doi.org/10.1111/and.12888
- https://www.revmed.ch/RMS/2010/RMS-242/Obesite-et-fertilite-ne-font-pas-bon-menage
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